Depuis quelques semaines, je vois une petite bulle inscrite à mon agenda et surlignée en rouge pour prioritaire : « écrire mon article pour le blogue de mars ». Et tous les jours, je la déplace à une autre date en me demandant : qu’est-ce qui fait qu’en ce moment c’est ardu pour moi juste de commencer à écrire?

Souvent, c’est parce que je cherche trop et que je suis trop dans ma tête. Il y a aussi mon cher saboteur (ma vilaine petite voix) M. Performance qui me dit; Christine ton blogue se doit d’être bon, de répondre à un besoin spécifique chez les professionnels et intéresser la galerie! C’est fou comme je peux, toute seule, me mettre la barre très haute. Dans cet état d’esprit, je tombe rapidement dans un mode rationnel; je m’active dans diverses recherches et lectures, je fais une session de remue-méninges pour un trop plein d’idées, je tourne en rond, je procrastine, je fais des listes et surtout je tente de garder le contrôle comme si j’avais les deux mains aux commandes d’un mandat exceptionnel.

Ce n’est pas non plus à cause du manque de sujets. J’ai accès à une banque de sujets intéressants, des outils sur le coaching et le leadership qui ne demandent qu’à trouver preneur.

Cela vous arrive-t-il aussi de vous retrouver à nager à contrecourant à propos d’un projet ou d’une chose que vous devez faire?

Je n’ai rien contre le fait d’utiliser mon côté rationnel (ma pensée analytique et cartésienne) dans l’action, mais je constate que parfois cela freine mes idées créatives et limite ma capacité à m’ouvrir davantage à ce qui est présent. Lorsque cela devient compliqué et difficile, soit avant ou pendant la réalisation d’un projet, c’est comme si j’entendais une sonnette d’alarme qui m’indiquait : arrête-toi et réaligne-toi afin que cela devienne plus agréable!  Il ne faut pas que j’oublie que je suis à 75% diagnostiquée  » coté droit ».

 

Je me suis donc arrêtée pour y réfléchir plus longuement. C’est par une activité de Yoga qu’un premier déclic s’est produit. Je vous raconte :

Un matin, au tout début d’une classe de yoga, Anne, notre prof, nous invite à formuler une intention pour notre journée. J’ai les yeux grands ouverts et constate qu’il n’y a rien qui monte en moi, c’est le néant. Je me dis… est-ce vraiment nécessaire de forcer une intention? Pendant que nous faisons nos étirements, le chat, le chien, le guerrier… Anne nous demande à quoi notre journée ressemblera. Mon cerveau gauche s’empresse de prendre le contrôle et tout de suite la réponse jaillit : coaching clients, ménage du site web, marche avec toutou, les courses, le blogue à écrire…Déjà la bataille entre mon cerveau gauche et droit était présente.

Quelques jours après, je ne sais pas pourquoi, mais ce qu’Anne avait raconté me revient à l’esprit, et en même temps, il y a quelque chose qui m’agace. Je crois que je deviens délinquante à devoir la plupart du temps planifier, organiser, garder l’accent sur plein de détails… ça devient lourd et fatigant à la fin! J’ai un besoin de spontanéité, de naturel, et de faire faux bond à des intentions ou à des attentes contrôlantes.

Ma réflexion se poursuit lors d’une randonnée à vélo et tout devient plus clair pour moi (je suis actuellement à Cedar Keys, en Floride, à bord de notre motorisé « Merci la vie »). Avec mon conjoint, nous sommes partis à la découverte des iles. Crème solaire, chapeau, bouteille d’eau et aussi une carte détaillée de la région dans une de mes sacoches. Sur la route nous croisons plusieurs petites rues, cul-de-sac sac, panneaux de sites historiques et je suis tentée à quelques reprises de prendre ma carte pour m’y retrouver et surtout ne rien manquer de ce que nous devons vraiment voir. Je continue à pédaler et je me dis; non pas de carte et laisse aller! Ah quelle libération!

À quoi ma journée a-t-elle ressemblé? À un enfilement de surprises! En me permettant de laisser aller le contrôle, je me suis permis de créer avec le moment présent. Toute une différence pour ma journée.

Nous avons découvert un joli cimetière niché sur le bord de la mer, un nid d’aigle royal gigantesque, une échelle oubliée sur un arbre, des points de vue magnifiques sur le bord de la mer, des crabes qui dansaient sur la plage et surtout plein de gens qui nous saluaient et qui nous souriaient. Cela m’a également permis de m’émerveiller devant de toutes petites choses (au lieu de me plaindre), d’avoir le fou rire parce que je dévalais à toute allure une pente, de gonfler mes énergies, et surtout de faciliter tout le processus des choses que je devais accomplir au fil de la journée.

Créer à partir du moment présent, incite à dire non au contrôle et à la planification et invite à dire oui à nous faire davantage confiance, à utiliser nos muscles émotionnels sans modération (intuition, curiosité, 6e sens…) et à mettre de l’avant nos forces naturelles. Cela facilite l’atteinte de nos objectifs tout en faisant le plein d’une belle énergie.

Cette après-midi, je me suis assise face à la mer, mon iPad sur les genoux et j’écris mon blogue. Tout vient plus facilement. Rien de planifier, sinon que de co-créer avec la mer et ce qu’elle m’offre comme cadeau et de me dire qu’il est possible de créer tout ce que nous souhaitons quand notre esprit est libre de voir.

Et vous, quel côté de votre cerveau utilisez-vous le plus pour prendre plaisir à créer?

Christine Lecavalier

Coaching co-actif et leadership