En mars 2013, je reçois une infolettre de la Fédération internationale des coachs (ICF) mentionnant que la semaine internationale du coaching se déroulerait du 20 au 26 mai. Allumée, je fais une recherche au travers des médias sociaux afin de prendre le pouls de ce qui se passe chez nous, au Québec pour souligner notre profession et malheureusement je ne trouve que quelques activités ici et là. Heureusement, le fruit de ma recherche active mon mode créatif – je passe à l’action, et avec mon conjoint nous brainstormons sur la possibilité que j’offre du speed coaching bénévolement. En jouant avec les mots, le concept prend forme – je m’engageais à offrir bénévolement à la population de Montréal (ah, les chanceux!) du « Coaching dans la rue » (Street Coaching) le mardi 21 mai, dans le Vieux-Montréal.

Gonflée à bloc, je m’active sur mon plan : choisir un endroit d’ancrage dans le Vieux-Montréal pour ma journée, contacter d’autres coachs pour m’accompagner, rechercher un endroit pour faire imprimer des t-shirts « Coaching dans la rue », écrire un communiqué de presse bilingue pour une centaine de médias de la région de Montréal, imprimer des jeux de coaching. Oui « sky is the limit » je vois grand et je me fais la réflexion que mon coach serait fière de moi!

Le compte à rebours commence – deux semaines avant ma journée! Ouf! Aussitôt que je me mets parler ouvertement de mon projet à mes amis et à d’autres coachs, je sens que oui, effectivement je m’engage et en même temps les papillons dans mon ventre s’activent aussi – un mélange d’émotions m’envahit : excitations, peurs (je vais échouer, la barre est trop haute, intimidation, je suis pas assez bonne), doute, fierté… bref mon cœur bât la chamade! Respire, expire, que je me dis!

C’est fou comme je prends conscience que mes saboteurs (petites voix négatives dans ma tête) arrivent au grand galop lorsque je sors de ma zone de confort, comme c’est le cas à propos de mon projet. Je profite de mes marches quotidiennes dans la forêt pour me connecter avec moi-même, voir mes ressources et repousser ces foutus de saboteurs. Pour moi c’est clair – pas question que je paye le prix de ne rien faire – je décide de prendre le risque, d’aller de l’avant, même si je suis seule dans mon aventure.

La journée approche à grands pas, je cours à Montréal (je suis des Laurentides), au marché aux puces. Merci à Steve de m’avoir imprimé de si jolis cotons ouatés et t-shirt. Je suis prête, malgré la pluie et le froid qui s’annonce.

Mardi 21 mai – 7 h 30 : mon conjoint me conduit jusqu’à la gare de St-Jérome – Chou chou – le train est en gare prêt à partir! J’adore le train. Le temps est grisous, un peu de pluie. Les gens sont concentrés dans leur lecture, ou écoutent de la musique – c’est paisible. Je suis heureuse d’être ici – totalement au moment présent. Ma passion de coaching est en moi et j’ai hâte d’arriver au Palais des Congrès – destination pour offrir le « coaching dans la rue ».

9 h : je suis à l’extérieur du Palais, figée par un de mes saboteurs – la peur d’aller vers les gens. Je m’assois sur un banc pour me calmer et je regarde les gens qui marchent vite, très vite et complètement dans leur bulle. Tout va vite dans ma tête. Respire et expire encore. Une phrase de Rick, un ami, me revient : « je ne peux pas, et je dois le faire ». Oui c’est ça, je me suis engagée et je vais me respecter dans cette valeur! Je rentre à l’intérieur du Palais et à 50 pieds de moi il y a une aire de détente, une trentaine de personnes assises à attendre je ne sais quoi. Je m’avance vers un homme d’une quarantaine d’années et je me présente et montre mon chandail avec « coaching dans la rue. Je lui demande doucement, s’il accepterait de “vivre” une microsession de coaching plutôt que de lui expliquer qu’est-ce c’est. Je le vois respirer profondément, et il hoche de la tête ne me disant oui.   Je sens à cet instant, que ma passion vibre en moi, comme un arc-en-ciel qui coule dans mes veines. Ma journée commence!

Voici un petit résumé de quelques-unes mes rencontres, tout en respectant la confidentialité des personnes que j’ai eu le bonheur de croiser :

Garry, au salon du Palais des congrès. Se relève d’un AVC en 2011, perte d’emploi, a perdu une partie de sa vison et de son équilibre. Cherche pour se partir en affaire, mais ne sait pas quoi, quand, comment. Je l’invite à jouer à explorer l’extérieur des zones de confort, à regarder les possibilités avec différents angles, prendre conscience de ses valeurs…notre session le met sur la piste d’une action impliquant son entourage.

Étudiant en informatique (un jeune russe) qui n’est plus vraiment certain s’il est fait pour l’informatique. Souhaite un emploi d’été dans l’industrie du jeu. Nous co-créons ensemble un plan court-terme pour le mettre en action sur trois segments qu’il a choisis : pause étude, plus d’amis et plus d’activités pour lui.

11 h : Mon amie et coach Britta me rejoint dans le quartier chinois. Nous décidons de prendre une pause du froid et rentrons dans la place Desjardins – Coaching dans la rue se transforme en coaching dans les boutiques!

12 h 30 : Toujours avec Britta, nous marchons vers l’arrondissement des arts et nous sommes interpelées par deux hommes assis sur un banc avec leur lunch. Tous deux speakers (ingénieur et Phd) participant à un colloque sur la créativité et la robotisation. Une discussion coaching riche et enrichissante s’engage entre nous quatre – neurosciences, plasticité, capital humain. Wow nous sommes vraiment alignés sur de mêmes valeurs!

13 h 30 :Un petit tour dans les balançoires musicales avec Britta. Toutes les deux nous nous engageons encore plus dans la sensibilisation du coaching – nous décidons que nous reviendrons lors du Festival de jazz, offrir le “coaching dans la rue” avec d’autres coachs.

Britta doit quitter, et tout juste avant son départ, nous offrons une autre microsession coaching avec une jeune employée d’Oxam. Emballée par la discussion, celle-ci veut en savoir plus sur la profession de coaching!

15 h : Seule à nouveau, je marche vers l’église Notre-Dame, et je m’assois à côté d’un itinérant : Marcel, musicien dans la rue. Vie complètement désorganisée depuis 3 ans et qui essais de s’en sortir avec la musique. Nous avons dessiné ensemble ses qualités, ses talents, ses forces. Magie dans l’air. Pas de mots pour exprimer ce que je vois dans ses yeux… vulnérabilité et reconnaissance.

Je rencontre une conseillère financière qui est dans sa pause. Nous passons cinq minutes à maximiser son temps de pause – elle s’engage à travailler sur une certaine forme de méditation pour “arrêter” plus souvent dans sa journée de travail.

Un rayon de soleil arrive en même temps que mon conjoint venu me chercher. Face à l’église Notre-Dame, je remercie la vie de m’avoir offert une si belle journée, des rencontres si enrichissantes et d’avoir une la chance d’offrir à une douzaine de personnes le “coaching dans la rue”. Oui, je reviendrai et j’espère que mon aventure inspirera d’autres coachs à se joindre à moi.

Christine Lecavalier

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PS – Je suis effectivement revenue coacher dans la rue pendant le festival de Jazz, Juste pour rire, et des films du monde. Je vois encore plus grand pour  2014, soyez prêts pour d’autres aventures!